MANU LANVIN And DEVIL BLUES: Son(s) of The Blues (2015)

Manu Lanvin (le fils adoptif de Gérard, l’acteur) commence à se tailler une certaine réputation dans le petit monde du blues. Il est donc normal qu’on l’attende au tournant quand il sort un nouvel album. Á la première écoute, on constate qu’il a opté pour plus d’arrangements cuivrés mais que sa guitare reste incisive comme sur « Son of the blues » d’inspiration Texas blues. Le rhythm'n'blues « Just wanna drown » et le blues-rock « Luzern (if you feel like stompin’) » tirent aussi leur épingle du jeu. « Back to Montreux » (mélange de rock et de jump blues speedé) tape fort avec un bon solo d’harmonica et «Ain’t got time for love » sonne assez George Thorogood . Mais le père Manu n’oublie pas la langue de Molière avec des titres comme « Lorsqu’une femme pleure » (une ballade avec violon et banjo), « Merci » (un jump blues/swing), « Laisse couler » (légèrement mambo) et « In God we trust ». Personnellement, je le trouve meilleur quand il chante en français, son accent « frenchy » se remarquant immanquablement sur ses interprétations en anglais. De plus, je pense que les cuivres desservent certains titres en atténuant leur rugosité. Enfin, la reprise de « Summertime » ne s’imposait pas vraiment, d’autant plus que le solo n’est pas très impressionnant et semble manquer de feeling. Au final, tout ça donne un disque assez sympathique mais qui aurait pu cartonner davantage (ça, c’est mon ressenti personnel). Cependant, le DVD remet les pendules à l’heure et, après l’avoir visionné, on se dit que ça déménage. Filmé au blues festival de Cognac, Manu Lanvin met le feu à la scène avec un batteur et une contrebassiste aussi canon que compétente. On peut apprécier son jeu rythmique dynamique, alternant médiator et finger picking, qui confère à son show une pêche et une authenticité relativement rares chez un artiste français. La version live de « Back to Montreux » ou la reprise de « Red house » de Jimi Hendrix achèveront de convaincre les plus sceptiques. Les disques, c’est bien. Les concerts, c’est mieux. Et Manu Lanvin passe l’épreuve de la scène avec succès et s’en tire avec les honneurs.Frenchy but chic.

Olivier Aubry